Morat-Fribourg 2022: le compte-rendu de course
Après l’Ironman de Thun cet été, il ne me restait qu’un objectif principal pour cette année 2022: le marathon de New-York le 6 novembre. J’ai donc axé mon entrainement sur la course à pied, en abandonnant presque complètement le vélo et la natation. La préparation marathon allait bon train jusqu’à la mi-septembre, puis je suis parti deux semaines en vacances. Durant ces deux semaines, j’ai moins couru mais cela a aussi fait du bien, le temps de récupérer, de réparer les petits bobos et de recharger à fond les batteries. Mais immédiatement après le retour, ma dernière course de préparation m’attendait: la classique Morat-Fribourg.
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Une course de préparation
C’est la cinquième fois que je m’aligne au départ de cette course, après 2011 et les éditions de 2016, 2017 et 2018. Comme en 2011, je viens ici pour me préparer à un marathon qui a lieu un mois plus tard. Et comme en 2011, même si j’ose à peine me l’avouer, je viens pour essayer de me rassurer un peu. Même si je sais qu’à 4 semaines d’un marathon, on ne peut plus changer grand chose…
Mais malgré tout, j’ai besoin d’avancer sur un chemin balisé. J’ai besoin de courir des parcours que je connais bien, pour avoir des repères. Car je n’ai pas beaucoup d’expérience sur le marathon…
L’arrivée à Morat
Avec une petite délégation du club, on se retrouve à la gare de Lausanne pour rallier Morat en train. Les chemins de fer fédéraux nous font d’ailleurs la mauvaise surprise de nous déposer à destination avec près de 20 minutes de retard, ce qui réduit à peau de chagrin le temps à disposition pour déposer le sac que l’on veut retrouver à l’arrivée et effectuer l’échauffement. Tout juste 400 mètres de footing et on se rend dans le bloc de départ. A peine une minute et 30 secondes et c’est le départ de notre bloc. Course avant la course…
C’est une des particularité de cette épreuve: d’une distance de 17km, le départ et l’arrivée sont séparés de presque autant. La légende veut qu’un messager ait couru sur la distance, un rameau de tilleul à la main, pour annoncer à Fribourg la victoire des confédérés sur Charles le Téméraire. Le malheureux se serait effondré à l’arrivée. Tout cela pour dire que la logistique est un peu plus compliquée que pour une course en boucle.
La course
Le parcours est particulier également car il présente plus de dénivelé positif que négatif, Morat se situant plus bas que la place d’arrivée à Fribourg. Mais pour autant, la première moitié du premier kilomètre est en descente. Piège no 1: partir trop vite. Un départ en descente, ce n’est pas un cadeau. Car on part trop vite sans arriver à « poser son rythme ». Et après un petit replat, la première montée guette. Tout le monde part vite dans cette première grimpette qui ne dure que 800 mètres. Je me base sur les watts fournis par mon Stryd pour ne pas me cramer, et je me fais dépasser par beaucoup de monde, y compris Steve et Cindy du club. Je connais le piège et continue à intensité constante sans trop me soucier de l’allure.
Dès le replat, je conserve mon intensité de 320 watts environ et je dépasse déjà celles et ceux qui ont de la peine à reprendre leur souffle. Mauvaise nouvelle pour eux, la deuxième montée arrive quasiment immédiatement derrière, et elle va durer… 3 kilomètres.
L’art de gérer son allure malgré les changements de rythmes
C’est une discipline dans laquelle je continue à éprouver des difficultés: gérer une course sur un parcours très cabossé. J’aime me mettre dans un rythme et le tenir. Mais depuis les années, j’ai un peu appris. Je me suis beaucoup entrainé sur les parcours vallonnés pas loin de chez moi. Et je dois dire que le Stryd m’a beaucoup aidé en ce sens.
Tous ces entrainements, je suis en train de les mettre à profit. Je garde un œil sur les watts du Stryd, mais je cours aussi pas mal à la sensation. Et de plus en plus, je constate que les données collent. N’allez pas croire que je « sais » courir à telle ou telle puissance. Mais lorsque je vérifie la puissance sur ma montre et que je me mets dans la bonne zone, j’arrive ensuite à maintenir le même niveau d’intensité tant que la pente reste à peu près constante.
Les 4 saisons de Morat-Fribourg
C’est presque une habitude au début du mois d’octobre sur cette classique: la météo est très variable. Le ciel lourd qui pesait sur Morat a d’abord laissé craindre de la pluie. Mais c’est plutôt le vent qui a marqué la première partie de la course. Aux alentours du kilomètre 6, et jusqu’à la borne 10, le parcours est grosso-modo plat. Et là, le vent est de trois-quart face. Je profite donc du groupe qui suit le meneur d’allure des 1h25 qui vient de me rejoindre et je m’abrite du vent au milieu de ce peloton.
1h25, c’est mon objectif aujourd’hui, mais le meneur d’allure va un peu vite pour moi à ce moment là. Je pense qu’il est plus rapide que les 5:00/km cible pour avoir de la marge pour les côtes qui restent. Je dérive donc très progressivement à l’arrière du groupe.
La Sonnaz
Le vent se calme un peu alors qu’on approche du juge de paix de cette course: La Sonnaz. Tout commence par une descente d’abord douce puis plus prononcée. Puis tout se déroule en 3 actes: la première côte, qui asphyxie. Ensuite, le mal nommé « replat » sur lequel on trouve le ravitaillement. En réalité, ça monte encore, juste moins fort. Tout le monde relance, impossible de réellement reprendre son souffle. Et puis il y a les deux lacets de la troisième et dernière partie.
Ici, personne ne triche plus. Les traits sont tirés, sur les visages, un point commun: les bouches sont grandes ouvertes à la recherche d’un peu plus d’air. Tout cela se passe entre les kilomètres 12 et 13,5.
Comme pour bien vous faire comprendre qu’ici, vous n’êtes personne, la fin de la côte est un leurre. Après quelques mètres de descente, une dernière bosse termine la cuisson de vos jambes…
Un finish mouvementé
Lorsqu’on arrive au début de la longue ligne droite qui mène tout droit sur Fribourg, il reste près de 4 kilomètres. On passe sur l’autoroute, puis c’est un long faux-plat montant jusqu’à l’entrée dans la ville. Après un bref passage de beau temps, le ciel se couvre à nouveau.
Je regarde mon allure et ma puissance. La Sonnaz était le seul secteur durant lequel j’ai lâché mon plan de watts et durant lequel j’ai exclusivement couru au feeling, en me mettant quasi à la limite.
Je tente de retrouver une intensité contrôlée et, par curiosité, je regarde mon allure moyenne. Je me rends compte que l’objectif est toujours atteignable.
En descendant dans la ville de Fribourg, je sens bien que mon entrainement a été plus léger ces 10 derniers jours, mais globalement je suis content de l’état de fatigue général. Après une descente de quelques centaines de mètres, la dernière rampe vers la ligne d’arrivée: 25m de dénivelé sur 650 mètres environ. Puis la dernière courbe et c’est la ligne d’arrivée.
Dans la dernière rampe, je sais que je terminerai quelques secondes au-delà de l’objectif, mais je suis satisfait de ma course. Je signe mon deuxième meilleur temps sur cette épreuve, en 1h25min 39. Mon meilleur reste l’édition de 2016 en 1h20min 49.
La petite anecdote, c’est que je fais 4 minutes de mieux que ma première participation en 2011 (1h29min 23) alors que cette année-là, je bouclais un mois plus tard le marathon de Lausanne en 3h33. Ca me donne une idée de ce que je peux viser à New-York dans un mois!
Je vous donne rendez-vous bientôt sur le site pour parler de la fin de cette préparation marathon, et aussi de plein d’autres sujets qui n’attendent que d’être publiés!
Merci pour le partage !
salut, et bravo pour ta course!
Je ne suis pas suisse mais ta course m’a rappellé ce film dramatique où JL Bideau, empêtré dans ses problèmes personnels, se lance un défi, se met au jogging, s’entraîne dans la douleur et s’élance sur la même course Morat-Fribourg, et en sort grandi, purifié.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Ce_fleuve_qui_nous_charrie :-) (1979 !)
Merci pour la référence! Et pourquoi ne pas venir courir Morat-Fribourg une fois ? ;-)