Ironman 70.3 Eagleman, Maryland USA, 2023 – Le compte rendu
A la fois pour tester une course « rapide » sur la distance 70.3, faire une semaine touristique et changer un peu de décors, nous avons discuté il y a un peu plus d’un an avec Christian, partner in crime depuis plus de 10 ans d’expéditions triathlétiques à travers le monde, de choisir une course aux USA pour l’année 2023. Après avoir fait une sélection de courses sur la côte est, et avoir proposé le 70.3 de Chattanooga dans le Tennessee pour sa natation dans le courant de la rivière, Christian a proposé Eagleman dans le Maryland, et ses parcours vélo et course à pied presque entièrement plats. Comme il était plus simple logistiquement de planifier un voyage vers Cambridge Maryland, via Washington D.C, c’est l’Eagleman, le dimanche 11 juin, qui a été retenu. Petit retour sur cette course et cette expérience américaine d’une semaine!
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Deuxième tentative aux USA
Eagleman n’est pas ma première tentative de rallier la ligne d’arrivée d’un triathlon chez l’oncle Sam. La première remonte à 2015, du côté de la Californie, pour le 70.3 de Lake Tahoe. A l’époque, après une arrivée à San Francisco et une escapade en voiture jusqu’à la magnifique région de Lake Tahoe, ce fut la déconfiture: les incendies massifs dans le parc de Yosemite avaient rendus l’air irrespirable à Squaw Valley, rendant impossible la tenue des deux courses prévues ce jour-là. 9000km parcourus, 0 finish line…
When the odds are against you…
Il faut dire que Christian a des statistiques assez défavorables en termes de déplacements pour ses courses, qui semblent s’empirer avec le nombre de kilomètres parcourus. Alors quand, juste avant de prendre l’avion pour Washington, on lit que les villes de New-York, de Baltimore et de Washington sont enveloppées par les fumées des incendies qui sévissent au Canada, on craint le pire. Sur les groupes de discussions à propos de l’Eagleman sur les réseaux sociaux, la question de la température de l’eau cède la place à l’hystérie sur la qualité de l’air…
Pourtant, lors de notre descente de l’avion à Washington le jeudi en milieu d’après-midi, l’atmosphère semble tout à fait respirable. Et c’est pareil à notre arrivée quelques heures plus tard à Baltimore. Sur la carte de l’agence américaine de météo, la couleur de la région passe progressivement du rouge au jaune, pour le taux de particules fines.
Alors que nous passons le vendredi à Baltimore entre visite du port, shopping et match de baseball, le ciel ne semble pas plus chargé que lors d’une belle journée habituelle. La météo semble d’ailleurs favorable pour le week-end. Le risque d’une annulation pour cause de qualité de l’air s’éloigne. Et comme les Orioles de Baltimore s’imposent ce soir là, tout est parfait!
Arrivée à Cambridge
Le samedi, on quitte Baltimore pour rallier Cambridge, sur la péninsule de Delmarva. C’est là que se tiendra l’Eagleman, un triathlon du label Ironman sur distance half. On arrive sur place un peu avant midi, et on commence par aller chercher dossards et package de course. Ensuite, on rejoint notre B&B, dans cette bourgade dont les hôtels affichaient complet bien avant qu’on se décide à planifier notre voyage.
Le début d’après-midi est consacré au remontage des vélos, après un repérage des restaurants du coin pour en identifier un acceptable pour une pasta party le soir. Rapide vérification des vélos et on s’en va dans la zone de transition pour les mettre en place.
Étonnement, il n’y a pas de transition au sac. Ici, c’est à l’ancienne, avec tout le matériel déposé le matin même de la course dans la zone de transition.
La fin de journée est consacrée à faire les courses et préparer les affaires pour le lendemain, à se reposer un peu et à une assiette de pâtes en début de soirée. Le réveil le lendemain sera fort matinal, le début de la course sera donné à partir de 6h30.
Le matin de la course
Heureusement que le décalage horaire, dans ce sens, était encore « favorable ». En effet, le réveil peu après 4h00 est rendu moins difficile. L’idée est de quitter la maison dans laquelle nous avons la chambre, à 20 minutes à pied de la zone de départ, aux alentours de 5h00. Petit déjeuner et dernier check des affaires avant de partir. Quand nous quittons la maison, les premières lueurs du jour pointent déjà leur nez.
En arrivant dans la zone de transition, on prépare notre zone. J’ai de la chance, mon voisin a semble-t-il trouvé d’autres projets pour sa journée, cela me laisse donc plus de place pour étaler mes affaires. La température de l’eau est annoncée à 21°C, la combinaison est donc autorisée.
Après avoir généreusement étalé une bonne couche de crème solaire, vérifié une dernière fois l’organisation de mes chaussures et autres accessoires, on quitte la zone de transition pour rejoindre les sas de natation.
La natation
Peu entrainé dans cette discipline, en particulier en eau libre avec la combi, on se place dans le groupe 33-35min. La natation consiste en une boucle anti-horaire dans l’embouchure de Choptank River, un fleuve qui rejoint l’Atlantique. L’eau n’est pas limpide, mais pas repoussante pour autant. Le départ est donné toutes les 5 secondes pour 3 athlètes. Avec Christian, on progresse dans le sas et vient tranquillement notre tour. Le placement entre les barrières fait que je m’élance 10 secondes avant lui, mais ne me pressant pas au départ, je le vois à côté de moi quelques mètres plus loin.
A la première bouée, je l’ai perdu de vue. Alors je tente de nager souple et économique en regardant bien ou je vais pour ne pas faire de distance inutile. Sous l’eau on ne voit pas grand chose, mais le plan d’eau est agréable. Pas de vent, peu de courant (en tout cas à cet endroit du parcours), et les bouées sont bien visibles. Bien que peu entrainé, je pense que je nage pas trop mal, et après avoir laissé plusieurs bouées jaunes, une nouvelle bouée rouge qui indique un autre changement de direction.
En règle générale, c’est une natation tranquille. Il y a de la place entre les concurrents, et sauf exception, les passages des bouées ne sont pas trop mouvementés. Je continue à nager, sans trop savoir que penser de ma performance, jusqu’au troisième changement de direction qui nous fait revenir en direction de la sortie de l’eau. Peu après le virage à la bouée, je constate que dans ce sens, c’est plus compliqué. Le courant, le vent ou je ne sais trop quoi rend le retour plus compliqué. Et les sensations sont non seulement confirmées par le chrono mais aussi par d’autres concurrents avec qui on a discuté après la course: la dernière section de la natation est bien plus lent que le reste de la boucle.
Alors que je pensais sortir de l’eau dans un tranquille mais néanmoins acceptable 35 minutes, la montre affiche un bien moins glorieux 38:26… Soit.
La première transition
Au moment de sortir sur la minuscule plage en direction du parc à vélo, je ne me rend pas compte que je suis à seulement 2 ou 3 mètres de Christian qui est sorti juste devant moi. Ce n’est qu’en voyant les photos après la course que je me suis rendu compte que nous étions sortis en même temps.
Je commence à me débarrasser de ma combinaison alors que je me rend vers mon vélo. Je termine de la retirer une fois que j’y suis, puis j’enfile chaussettes et chaussures de vélo, casque et lunettes, ainsi que la ceinture porte dossard. Cette dernière n’est pas requise sur le vélo aux USA, mais par habitude je la met déjà. Ensuite, je me dirige vers la sortie du parc à vélo. Dès la ligne de sortie, je grimpe sur le P3X et je commence tranquillement la partie vélo.
Le vélo
Pour sortir de Cambridge, quelques virages et donc, pas de prise de risques inutiles. Mais une fois sortis de la ville, les routes sont assez droites, je m’installe donc sur mes prolongateurs. Après quelques kilomètres, Christian revient à ma hauteur et demande comment ça va. On roule relativement proches l’un de l’autre tout en restant aux distances règlementaires (mais cela n’est pas toujours facile, il y a beaucoup de monde sur ce parcours)… Après encore quelques minutes, alors qu’il est une vingtaine de mètres devant moi, Christian freine et s’arrête sur le côté de la route. Juste avant qu’il ne s’immobilise, je comprends pourquoi: son pneu arrière est à plat.
En faisant attention au flux de la course, je m’arrête juste devant lui. Connaissant d’une part l’expertise mécanique de mon accolyte et également sa motivation à réparer en course, je sais déjà ce qu’il va me dire:
C’est bon, j’abandonne…
Christian, après sa crevaison, au km 20,6 de la boucle vélo
Je lui demande si vraiment, c’est une bonne idée, après avoir traversé l’Atlantique, puis le Maryland, d’abandonner après un peu plus d’une heure de course… Puis je me décide à descendre de mon vélo et commencer à changer sa chambre à air. Car on a pas pris de lumières, et si j’attends sur lui, on risque de rentrer de nuit. Pour autant, plein de bonne volonté, il ne reste pas les bras croisés… Il déballe sa trousse qui contient le matériel de réparation, et sort une chambre à air et une cartouche de CO2.
Moi, j’ai retiré le pneu et je passe le doigt à l’intérieur pour trouver l’objet qui a généré la crevaison. Je ne tarde pas à le trouver: une grosse agrafe métallique. Après l’avoir retirée, je change le prolongateur de valve mais après un premier remontage, je me rend compte qu’elle est trop courte. Je mets donc le second prolongateur et je remets le tout en place. Pendant tout ce temps, je n’ai pas entendu mon collègue qui cherche depuis plusieurs minutes la cartouche de CO2 qu’il a perdue dans le champ bordant la route peu après l’avoir sortie…
On utilise donc la mienne, et après avoir regonflé son pneu et remis sa roue en place, on peut enfin reprendre la route. 13 minutes plus tard… On a connu mieux.
De là, on décide de faire le reste de la course ensemble, toujours dans les règles de l’art évidemment… La température est assez élevé, ça frôle probablement les 30°C. Le ciel est largement découvert avec quelques passages de voiles nuageux de temps à autres.
Le parcours ainsi que la qualité de la route sont en général très plaisants. Les passages où le revêtement est plus chaotique sont bien indiqués. On roule sans difficultés à 35km/h ou plus sur de nombreux secteurs, aidés par endroit par un léger vent favorable.
On navigue toujours proches avec l’ami Christian. Avec un espace qui oscille entre 20 et 60 mètres entre nous deux en fonction des portions de route. Après une section de route un peu plus sinueuse, on se rapproche. C’est à ce moment qu’en plein milieu de la route se trouve une branche d’arbre d’environ 1m50 de long. Enfin, on pense que c’est une branche d’arbre, mais en nous approchant, on se rend compte que ça se déplace. Ayant déjà anticipé un évitement à gauche pour Christian et à droite pour moi, on passe chacun d’un côté. Juste après on se regarde étonnés: c’était un serpent qui traversait la route!
Si le risque semble faible d’en croiser sur le parcours vélo, on en vient à espérer qu’il n’y en aura pas sur la course à pied…
Après environ 80km de parcours sur des routes qui ne présentent aucune difficulté particulière sinon un peu de vent par endroit défavorable, des agrafes qui trainent et quelques reptiles, on revient progressivement sur Cambridge. Là, on prend plusieurs virages pour se faufiler dans les rues de la ville, afin de revenir vers la zone de transition. Le vélo est posé en 2h48, y compris 13 minutes d’immobilisation pour discuter de la suite de la course puis de la réparation de la chambre à air de Christian.
La deuxième transition
Descendu du vélo, je l’emmène à sa place dans la zone de transition. Après le changement de chaussures et la mise en place de la casquette, rapide passage au petit coin avent de sortir de la zone, toujours avec mon coéquipier de club. Bref, rien de particulier avant d’entamer la dernière partie de la course…
La course à pied
Le parcours de course à pied est constitué de deux tours d’une boucle qui constitue pour l’essentiel un aller-retour dans les rues de Cambridge. Il fait chaud et humide sur ce parcours presque totalement plat.
La première moitié de la première boucle passe assez vite, à une allure située à environ 5:15/km. Sur la base de cette première section, on peut imaginer un temps final sous les 5h30, et on essaie de maintenir l’allure, en ralentissant sur les ravitaillements. Il ne faut pas hésiter à boire assez, et j’ai plusieurs gels également pour cette partie de course à pied.
Au retour sur le premier tour, on commence à constater que l’allure générale ralentit et qu’on dépasse de plus en plus de monde. Il fait de plus en plus chaud sur le début de la seconde boucle. Je m’arrose systématiquement sur les ravitaillement. L’allure qu’on s’est fixée est un peu plus difficile à tenir, mais nous sommes toujours, côte à côte, dans les temps pour un finish sous les 5h30… C’est anecdotique, avec les 13 minutes d’arrêt sur le vélo.
Sur la fin de la course à pied, on dépasse un nombre invraisemblable de concurrents. Probablement un nombre croissant qui débarquent pour leur premier tour. Au moment de bifurquer pour la finish line, Christian me laisse partir devant. Il est parti deux rangées derrière moi à la natation, il a donc 10 secondes d’avance…
Après la course
Après avoir franchi la ligne d’arrivée en 5:28:05, on profite de la salade de pâtes et du cookie de finisher (vive les USA). Pour moi, il me faut aussi en tout cas deux bouteilles d’eau. Posé dans le parc, à l’ombre d’un arbre, on récupère un peu, en s’abritant enfin un peu de la chaleur.
On rigole un peu au sujet des membres du club qui nous ont suivi sur le tracker, en imaginant ce qu’ils on pensé de nos temps de passages à quelques secondes près à chaque point de chronométrage. On se demande aussi de ce qu’ils penseront du classement de notre club, 64ème sur 185, alors que nous n’étions que les deux à le représenter…
Un autre teammate qui nous a suivi depuis la Suisse m’avouera plus tard qu’il a un instant pensé qu’un seul de nous deux avait pris le départ, avec les deux puces de chronométrage!
On rejoint ensuite la zone de transition pour récupérer nos affaires, retourner sur la terrasse ombragée de notre airbnb pour démonter les vélos et préparer notre départ vers Washington DC dès le lendemain matin. Notre séjour se terminant dans la capitale américaine!
Le matériel utilisé sur ce 70.3 Eagleman
Natation:
- Combinaison Orca Alpha
- Lunettes Tyr Tracer X Nano Mirrored
Vélo:
- Cervelo P3X avec roues Swissside Hadron Ultimate (625 devant / 800 derrière) tubeless, Continental GP5000 TT TR 25mm
- Capteur de puissance Favero Assioma Duo
- Chaussures fizik Transiro R4
- Casque Bell Stratus MIPS
- Lunettes Alpina Tri-Effect 2.0
- Porte dossard basique mais qui fait le job
Course à pied:
- Mêmes lunettes et ceinture porte-dossard que pour le vélo
- Chaussures Nike Streakfly
- Capteur de puissance / vitesse / distance: Stryd
- Casquette 2XU.
Toute la course:
- Garmin fenix 7 Pro
- Capteur cardio Wahoo TICKR X
- Trifonction Kiwami Spider LD Aero
Well done!
heat makes it trickier for sure.