Lutte antidopage: un amateur est-il susceptible de se faire contrôler?
Après la publication sur le site ironman.com d’un communiqué de presse annonçant la suspension d’un triathlète amateur à cause d’un contrôle antidopage positif effectué hors compétition, je me suis posé la question suivante: Suis-je susceptible de me faire contrôler en tant que sportif amateur licencié en Suisse?
En premier lieu, il convient de distinguer deux situations différentes: le contrôle en compétition et le contrôle hors compétition.
Le contrôle en compétition
La politique de contrôle en compétition, c’est à dire le jour de la compétition (généralement à l’arrivée de l’épreuve) fait normalement partie du règlement de la course. Par exemple, voici ce que stipule de règlement de la course pédestre Morat-Fribourg:
Dopage
L’actuel « Statut concernant le dopage » édicté par Swiss Olympic est applicable lors de cette compétition. Des contrôles antidopage inopinés peuvent être faits. Les sportifs se soumettent aux règles antidopage de Swiss-Olympic; ils reconnaissent la compétence exclusive de la Chambre disciplinaire de Swiss Olympic pour les cas de dopage et les sentences arbitrales du TAS (Tribunal arbitral du sport à Lausanne). Voir aussi sous: www.antidoping.ch
Les clauses figurant dans les règlements d’autres courses sont quasiment identiques. Elles font toutes référence au 7ème principe de la charte d’éthique de Swiss Olympic qui se base elle-même sur l’Ordonnance fédérale sur l’encouragement du sport et de l’activité physique, article 75 qui stipule:
Art. 75 Contrôles antidopage
1. Quiconque participe à une compétition sportive doit se soumettre à des contrôles antidopage pendant les 12 heures qui précèdent le début de la compétition et après la fin de la compétition, pendant le temps nécessaire à l’exécution des contrôles.
2. Sont réputées compétitions sportives toutes les manifestations sportives organisées:
a. par la fédération faîtière du sport suisse et par les fédérations qui lui sont affiliées ainsi que par leurs sous-fédérations et associations;
b. en vertu des dispositions d’une fédération internationale ou nationale.
Au vu de ces informations, l’affaire est claire: en participant à une course régie de près ou de loin par la fédération nationale du sport en question, chaque athlète est susceptible de se faire contrôler dans une fenêtre de 24 heures autour de la course.
Le contrôle hors compétition
En cherchant plus loin dans l’ordonnance fédérale citée ci-dessus, il n’est fait aucune mention de contrôles hors compétition pour les sportifs amateurs.
J’ai consulté le site dédié à la lutte antidopage en Suisse en long en large et en travers, et j’en ai tiré les données suivantes:
- Il existe plusieurs groupes cibles de sportifs soumis à contrôles, la classification étant effectuée par la fédération nationale. (source)
- La classification impose de publier des informations plus ou moins précises sur l’emploi du temps ainsi que les lieux de résidence et d’entrainement de l’athlète tout au long de l’année, afin de planifier plus précisément les contrôles.
- Les licenciés amateurs, n’appartenant à aucun groupe cible, ne font l’objet d’aucune obligation spécifique dans la publication de ce type d’informations. (source, en bas de page)
Toutefois, je n’ai pas été en mesure de trouver une réponse claire sur ce site à la question: « Est-ce qu’un athlète n’appartenant pas à un groupe cible peut malgré tout faire l’objet d’un contrôle inopiné, par exemple à son domicile ? »
Pour trouver une réponse à cette question, j’ai alors consulté le Code Mondial Antidopage (CMA), publié par l’Agence Mondiale Antidopage (AMA). Swiss Olympic est affiliée à cette dernière, et applique donc ce code conformément à l’article 75 al. 5 de l’Ordonnance fédérale sur l’encouragement du sport et de l’activité physique. Le CMA décrit précisément l’organisation des contrôles pour les athlètes appartenant à un groupe cible, mais n’exclut pas les contrôles sur des personnes non soumises à l’obligation d’informer.
Finalement, c’est dans la FAQ du site de l’AMA que j’ai trouvé la réponse formelle à ma question, qui fait simplement le résumé de mon constat ci-dessus:
Est-ce que les organisations antidopage ne testent que les sportifs assujettis aux exigences en matière d’informations sur la localisation?
Non.
Les informations sur localisation sont un outil pratique aidant les OAD à effectuer des contrôles hors compétition efficaces. Qu’ils fassent partie ou non d’un groupe cible de sportifs soumis aux contrôle, les sportifs peuvent être contrôlés hors compétition par leur FI, leur ONAD ou une autre OAD.Source (dernière question)
Note: Les abréviations suivantes sont utilisées: FI = Fédération Internationale, ONAD = Organisation Nationale Antidopage, OAD = Organisation Antidopage
On peut donc résumer la chose de la manière suivante: Chaque athlète licencié auprès d’une fédération sportive affiliée à Swiss Olympic est susceptible de se faire contrôler hors compétition durant toute la validité de sa licence!
Conclusion
Il faut donc bien noter la subtile différence entre les contrôles en compétition, qui peuvent être effectués sur tous les participants (licenciés ou non), et les contrôles effectués hors compétition, qui ne peuvent concerner que les personnes licenciées par une fédération sportive.
Et si les contrôles inopinés sur des sportifs amateurs licenciés sont légalement possible, ils n’en restent pas moins exceptionnels. Déjà en compétition, dans les catégories populaire les contrôles sont extrêmement rares, voire inexistants. Le personnage cité en début de ce billet n’est pas un amateur lambda, car il a terminé premier des championnats du monde d’Ironman en 2009 dans sa catégorie d’age. On peut imaginer que le contrôle d’un sportif amateur ne sera effectué que suite à de fortes suspicions de dopage de la part de sa fédération, ou suite à une dénonciation.
Malheureusement, cette coupure de presse ne fait que rappeler que le dopage n’est pas qu’une histoire de sportifs professionnels, mais est également présent chez les amateurs… Et à ce jour, au vu du manque de contrôles chez les populaires, personne n’a réellement d’idée sur l’ampleur du phénomène.
Outils de lutte contre le dopage mis à la disposition des sportifs
Au delà de ces questions légales, il reste très instructif de visiter le site www.antidoping.ch qui nous renseigne sur les différents contrôles possibles, les procédures de contrôle ainsi que les droits et les devoirs des athlètes.
Ce site publie également une liste de médicaments et de suppléments alimentaires interdits en compétition et hors compétition, ainsi qu’une base de données en ligne. Elle publié également une application mobile pour les appareils iOS d’Apple ou Android permettant de la consulter à n’importe quel instant.
Vous trouverez également bon nombre d’informations très intéressantes sur le dopage sur ce blog, qui traite ces temps, et c’est bien normal, principalement de l’« affaire Armstrong ».
Note: Ce billet traite de la législation applicable en Suisse. Toutefois, même si les références changent d’un pays à l’autre, les règles sont désormais régies pour la plupart par l’Agence Mondiale Antidopage, et sont donc internationales. Cependant, il conviendra malgré tout de vérifier les règles en vigueur auprès de l’organisation antidopage nationale concernée.
L’ampleur du phenomene est difficilement mesurable.
L’AFLD organise des tests de grand ampleur au Marathon de Paris mais ne publie pas les résultats. J’ai ete teste et les volontaires m’ont dit qu’il y avait « beaucoup » de contrôle positif (l’AFLD ne publie pas les résultats) mais la plupart le sont au canabis (résidu de la dernière fête, le canabis reste longtemps présent dans les urines) et a cause de substitue/complément alimentaire que les athlètes amateurs prennent sans savoir. Il y aurait 15% des complément alimentaires qui comporteraient des substances interdites : http://www.parismarathon.com/marathon/2011/fr/r6_EM_dopage.html
Des articles de presse en France faisait état de 10% des licencies français (tout sport confondus) qui se doperaient. Je ne sais pas quel crédit leur accorder, mais si le chiffre est exact, le % chez les triathletes devraient être bien plus important…
Sans oublier que, dans le cas d’un licencier « Amateur », étant probablement moins au fait des nombreuses substances interdites, comment réussir à déterminer si les résidus détectés ont été prit par erreur ou sur une volonté d’améliorer légèrement les performances ?
Le contrôle en compétition, tout statut confondu, je suis clairement d’accord qu’il est nécessaire voir même obligatoire (Malheureusement) de nos jours. Maintenant, hors compétition, un amateur non soumis au même régime des préparations intensives par un coach pro, qui se doit de connaître l’ensemble des produits potentiellement « dopant » doit-il pouvoir être condamné ?
Par exemple une soirée où il fumera du cannabis, avec une chance incroyable il aura le droit à un contrôle le lendemain (Ou sur lendemain) suite au tirage au sort « De la loose » :-). Ceci alors même qu’il a toujours été clean pour le reste.
Bon maintenant comme tu le dis, les cas restes sûrement très rare et sur des personnes bien ciblée. Ceci suite à des résultats étonnant par exemple.
Heureusement… parce que si on devait commencer à indiquer X mois à l’avance le moindre voyage à la fédération, même en temps qu’amateur, on deviendrait fou :-)