Marathon de Lausanne 2010
Vendredi en fin d’après-midi, je suis allé chercher mon dossard, ce qui me permet de ne pas me mettre dans cette ambiance bizarre d’avant course le samedi, mélange d’anxiété et de trac, surtout à l’approche d’un objectif nouveau.
Samedi donc, je me force à penser a tout autre chose, même lorsque je pars faire ma dernière sortie avant la course du lendemain (seulement 3 km). Je règle mes différents réveils à la bonne heure, puis j’essaie de m’endormir.
Je ne suis pas entièrement serein à propos de cette course. Un marathon, c’est quelque chose, et pour moi, moins de 4 heures, c’est ambitieux. Au matin, réveil à 7h, déjeûner type d’avant course, puis vers 8h30 je me met en route pour Lausanne. Arrivée parc de Milan à 9h10, pile poil une heure avant mon départ.
L’attente, derniers instants de concentration. A 10 minutes du départ, je me rend dans mon bloc. Je pratique des echauffements sur place pour passer le temps et rester chaud. La tension monte. C’est un marathon!
Le coup de feu retentit. La masse s’élance, les coureurs avec un objectif temps rejoignent les meneurs d’allure. Je me contente de suivre a distance le groupe des 3h45. Les premiers kilomètres se passent en descente, et les temps sont franchement en dessous de mes prévisions les plus optimistes. La température est idéale, et il ne pleut pas.
Au passage de Lutry, c’est Pierre le premier spectateur que je reconnais. Pour l’instant tout va très bien, et les kilomètres défilent joyeusement. Mes premières interrogations arrivent avec le panneau des 10km. Je jette un oeil sur ma montre: 53 minutes 18. Record personnel sur cette distance! Suis-je parti trop vite? Mon rythme cardiaque est un peu plus élevé que prévu. Je garde malgré tout l’allure.
Tout va bien jusqu’à Vevey. Je croise Magali qui est déjà sur le retour, en route pour gagner son premier marathon! Arrivé à la Tour de Peilz, je cours quelques mètres avec papa à qui je dis que pour l’instant tout va bien mais que cette histoire risque de devenir nettement plus difficile dès le passage des 30 km. Record personnel sur semi marathon battu par la même occasion.
L’aventure marathon commence véritablement au 27ème panneau orange. A ce moment, mes mollets ont donné tout ce qu’ils pouvaient, et commencent a me le faire savoir. Mais tout ça aurait pu être géré si au kilomètre 30 les cuisses n’avaient pas commencé a faire pareil. A ce moment, il me reste 12km a parcourir avec deux jambes en souffrance. Je serre les dents.
Je ne sais plus exactement quand la petite voix qui dit « marche! » a commencé a crier, mais c’était pour sûr avant le 35ème déjà. Passage à Lutry au retour. Pierre est toujours là. Je lui ai dit quelque chose. Quoi que ce soit, ça ne figurera jamais dans les manuels de philosophie. Je n’ai qu’une envie: c’est d’en finir. Mes temps au kilomètre prennent l’ascenseur, passant de 5minutes 25 à 6 minutes. Je me fixe de petits objectifs pour ne pas marcher, comme courrir encore jusqu’au prochain km ou jusqu’à l’arbre, encore un peu! Passage des 40 km. Ma famille est là. Ca me redonne l’envie de terminer ce marathon comme il a commencé: en courrant. Plus que deux kilomètres.
Coup d’oeil a ma montre. Je vais atteindre mon objectif! J’avais raté celui du triathlon de Nyon pour moins d’une minute, celui du tri de Lausanne pour 3 minutes, et là je vais atteindre le plus ambitieux objectif de ma saison: le marathon en moins de 4 heures!
C’est impossible de décrire ce que l’on ressent à l’arrivée d’un marathon, du premier qui plus est. Passer la ligne d’arrivée, c’est arriver au bout d’une préparation spécifique de plus de deux mois. C’est aussi arriver au bout du SuperDefi, et arriver au bout de ma saison. 3 heures 53 minutes et 7 secondes durant lesquelles j’aurais connu tous les sentiments qui existent.
Il va désormais falloir récupérer de cet effort et laisser passer quelques semaines avant de parler à nouveau de compétition et de se fixer de nouveaux objectifs.